miércoles, enero 07, 2015

ME DOY CUENTA DE QUE ME FALTAS por JAIME SABINES


Me doy cuenta de que me faltas
y de que te busco entre las gentes, en el ruido,
pero todo es inútil.
Cuando me quedo solo
me quedo mas solo
solo por todas partes y por ti y por mí.
No hago sino esperar.
Esperar todo el día hasta que no llegas.
Hasta que me duermo
y no estás y no has llegado
y me quedo dormido
y terriblemente cansado
preguntando.
Amor, todos los días.
Aquí a mi lado, junto a mí, haces falta.
Puedes empezar a leer esto
y cuando llegues aquí empezar de nuevo.
Cierra estas palabras como un círculo,
corno un aro, échalo a rodar, enciéndelo.
Estas. cosas giran en torno a mí igual que moscas,
en mi garganta como moscas en un frasco.
Yo estoy arruinado.
Estoy arruinado de mis huesos,

todo es pesadumbre.

CANSANCIO por OLIVERIO GIRONDO


cansado
¡Sí!
Cansado
de usar un solo bazo,
dos labios,
veinte dedos,
no sé cuántas palabras,
no sé cuántos recuerdos,
grisáceos,
fragmentarios.

Cansado,
muy cansado
de este frío esqueleto,
tan púdico,
tan casto,
que cuando se desnude
no sabré si es el mismo
que usé mientras vivía.

Cansado.
¡Sí!
Cansado
por carecer de antenas,
de un ojo en cada omóplato
y de una cola auténtica,
alegre,
desatada,
y no este rabo hipócrita,
degenerado,
enano.

Cansado,
sobre todo,
de estar siempre conmigo,
de hallarme cada día,
cuando termina el sueño,
allí, donde me encuentre,
con las mismas narices
y con las mismas piernas;
como si no deseara
esperar la rompiente con un cutis de playa,
ofrecer, al rocío, dos senos de magnolia,
acariciar la tierra con un vientre de oruga,
y vivir, unos meses, adentro de una piedra.

LES ETRENNES DES ORPHELINS por ARTHUR RIMBAUD



I

La chambre est pleine d’ombre ; on entend vaguement
De deux enfants le triste et doux chuchotement.
Leur front se penche, encore alourdi par le rêve,
Sous le long rideau blanc qui tremble et se soulève...
– Au dehors les oiseaux se rapprochent frileux ;
Leur aile s’engourdit sous le ton gris des cieux ;
Et la nouvelle Année, à la suite brumeuse,
Laissant traîner les plis de sa robe neigeuse,
Sourit avec des pleurs, et chante en grelottant...

II

Or les petits enfants, sous le rideau flottant,
Parlent bas comme on fait dans une nuit obscure.
Ils écoutent, pensifs, comme un lointain murmure...
Ils tressaillent souvent à la claire voix d’or
Du timbre matinal, qui frappe et frappe encor
Son refrain métallique en son globe de verre...
– Puis, la chambre est glacée... on voit traîner à terre
Épars autour des lits, des vêtements de deuil :
L’âpre bise d’hiver qui se lamente au seuil
Souffle dans le logis son haleine morose !
On sent, dans tout cela, qu’il manque quelque chose...
– Il n’est donc point de mère à ces petits enfants,
De mère au frais sourire, aux regards triomphants ?
Elle a donc oublié, le soir seule et penchée,
D’exciter une flamme à la cendre arrachée,
D’amonceler sur eux la laine et l’édredon
Avant de les quitter en leur criant : pardon.
Elle n’a point prévu la froideur matinale,
Ni bien fermé le seuil à la bise hivernale ? ...
– Le rêve maternel, c’est le tiède tapis,
C’est le nid cotonneux où les enfants tapis,
Comme de beaux oiseaux que balancent les branches,
Dorment leur doux sommeil plein de visions blanches ! ...
– Et là, – c’est comme un nid sans plumes, sans chaleur
Où les petits ont froid, ne dorment pas, ont peur ;
Un nid que doit avoir glacé la bise amère...

III

Votre coeur l’a compris : – ces enfants sont sans mère.
Plus de mère au logis ! – et le père est bien loin ! ...
– Une vieille servante, alors, en a pris soin.
Les petits sont tout seuls en la maison glacée ;
Orphelins de quatre ans, voilà qu’en leur pensée
S’éveille, par degrés, un souvenir riant...
C’est comme un chapelet qu’on égrène en priant :
– Ah ! quel beau matin, que ce matin des étrennes !
Chacun, pendant la nuit, avait rêvé des siennes
Dans quelque songe étrange où l’on voyait joujoux,
Bonbons habillés d’or étincelants bijoux,
Tourbillonner danser une danse sonore,
Puis fuir sous les rideaux, puis reparaître encore !
On s’éveillait matin, on se levait joyeux,
La lèvre affriandée, en se frottant les yeux...
On allait, les cheveux emmêlés sur la tête,
Les yeux tout rayonnants, comme aux grands jours de fête,
Et les petits pieds nus effleurant le plancher
Aux portes des parents tout doucement toucher. .
On entrait ! ... Puis alors les souhaits... en chemise,
Les baisers répétés, et la gaîté permise.


IV

Ah ! c’était si charmant, ces mots dits tant de fois !
– Mais comme il est changé, le logis d’autrefois :
Un grand feu pétillait, clair, dans la cheminée,
Toute la vieille chambre était illuminée ;
Et les reflets vermeils, sortis du grand foyer,
Sur les meubles vernis aimaient à tournoyer...
– L’armoire était sans clefs ! ... sans clefs, la grande armoire !
On regardait souvent sa porte brune et noire...
Sans clefs ! ... c’était étrange ! . . , on rêvait bien des fois
Aux mystères dormant entre ses flancs de bois,
Et l’on croyait ouïr au fond de la serrure
Béante, un bruit lointain, vague et joyeux murmure...
– La chambre des parents est bien vide, aujourd’hui :
Aucun reflet vermeil sous la porte n’a lui ;
Il n’est point de parents, de foyer, de clefs prises :
Partant, point de baisers, point de douces surprises !
Oh ! que le jour de l’an sera triste pour eux !
– Et, tout pensifs, tandis que de leurs grands yeux bleus
Silencieusement tombe une larme amère,
Ils murmurent : « Quand donc reviendra notre mère ? »


V

Maintenant, les petits sommeillent tristement :
Vous diriez, à les voir, qu’ils pleurent en dormant,
Tant leurs yeux sont gonflés et leur souffle pénible !
Les tout petits enfants ont le coeur si sensible !
– Mais l’ange des berceaux vient essuyer leurs yeux,
Et dans ce lourd sommeil met un rêve joyeux,
Un rêve si joyeux, que leur lèvre mi-close,
Souriante, semblait murmurer quelque chose...
– Ils rêvent que, penchés sur leur petit bras rond,
Doux geste du réveil, ils avancent le front,
Et leur vague regard tout autour d’eux se pose...
Ils se croient endormis dans un paradis rose...
Au foyer plein d’éclairs chante gaîment le feu...
Par la fenêtre on voit là-bas un beau ciel bleu ;
La nature s’éveille et de rayons s’enivre...
La terre, demi-nue, heureuse de revivre,
A des frissons de joie aux baisers du soleil...
Et dans le vieux logis tout est tiède et vermeil :
Les sombres vêtements ne jonchent plus la terre,
La bise sous le seuil a fini par se taire...
On dirait qu’une fée a passé dans cela ! ...
– Les enfants, tout joyeux, ont jeté deux cris...
Là, Près du lit maternel, sous un beau rayon rose,
Là, sur le grand tapis, resplendit quelque chose...
Ce sont des médaillons argentés, noirs et blancs,
De la nacre et du jais aux reflets scintillants ;
Des petits cadres noirs, des couronnes de verre,
Ayant trois mots gravés en or : « À NOTRE MERE ! »

LA VITRINA DE LA CIGARRERIA por CONSTANTINO KAVAFIS


Junto a una iluminada vitrina
de una cigarrería estaban, entre otros muchos.
Casualmente sus miradas se encontraron,
y el ilícito deseo de sus cuerpos
expresaron tímidamente, con vacilación.
Después, unos pocos pasos inquietos en la acera -
hasta que sonrieron, y se hicieron una leve seña.

Y enseguida ya el coche cerrado...
el acercamiento sensual de los cuerpos;
las manos unidas, los labios unidos.

POEMA EN VINO por JUAN PABLO RUDOLFFI

Y así entonces te fuiste perdiendo
de mi vista el salto criminal de tus regalos
como un recuerdo terrible y forzoso,
y así entonces, gritaste soledad

“¡No!” me dijiste
dos veces.


Por eso aparecí con mi dolor a miles de kilómetros por hora,
por eso y además porque me moría de pena fuera de tu casa,
haciendo las máximas artimañas para sentir el olor de tu cocina.

“¡No!” me dijiste
pero igual te tragaste mi lengua
y reventé en una calle, caminando, reventé.

Veme aquí, sigo sentado en el autobús
y las lágrimas solo acarician mi garganta,
todo interno ya no respiro.

Veme aquí, soy aquel mueble, aquel disparate en aquel poste.
Soy ese muchacho que pasa a tu lado en bicicleta,
el niño que molesta hasta al llanto a otro niño en la escuela,
la nena adolescente que le cuenta a su madre
que pronto parirá; el disparo cuando entra.

Juego con tus perros,
riego tus plantas.

Veme aquí, soy el fantasma
de todos tus muertos olvidados.
Ya no me conoces,
¿ya no me conoces?
“¡No!” me dijiste
Y luego te olvidaste.

VIVIR SIN TI por BUNKER GUERRERO


Ahora que debo vivir sin ti,
que sea cruel, que deba pagar
un alto precio de ausencia y agonía:

que el dolor sangre en las paredes
cada insomnio, que duerma de día
y piense que no hay
nadie afuera esperando,

que los sueños se me enreden
en los cables del alumbrado público
y que el quiosquero de la esquina
sienta lástima por mi cara de entierro.

Es posible que llegue tarde al trabajo,
triste y sin ánimos, y el jefe me odie
tanto como tú; que me olvide las llaves,
el teléfono y tu tacto al salir deprisa;
y no encuentre paz ni en la farmacia,
el cigarrillo o el alcohol;

que ninguna mujer me desee en sus noches
y la resaca sea una tortura,
o que unos pechos desnudos
no encienda el fuego de mi juventud.

Espero que los amigos me olviden,
que deteste el fútbol
y nadie me responda en las redes sociales;

que la camarera del bar me diga no
cuando un verso mío intente
obtener su compañía por si la noche acaba
y necesite un abrazo sin compromisos
ni tardes de cines y comida rápida,
que nadie lea mis poemas,
que no existan mis palabras,
que deje mi oficio en el ropero
junto al tapado descocido de otra historia,
que la gente se ría de mí
cuando avance por las calles,

espero perder el apetito, las ganas de leer,
que vengan los años, las arrugas, la caída
del cabello, que venga todo; menos tú.

Ahora que debo vivir sin ti,
que sea doloroso, ceniciento;
no por eso lamentaré tu abandono,
ni odiaré tu risa, tampoco te enviaré flores
pidiendo perdón por amarte
de la forma en que te amo:

con celos, posesión, sin amor propio
─como un perro sin amo, deseoso
de una caricia y alguien a quién seguir─,
enfermo de temor, esquizofrénico por el pasado,
bajo, melancólico, sin tiempo para los festejos,
pero sí para las depresiones.

No pediré perdón por mis actos
para que regreses donde todavía
existe el eco de tu existencia.

Pero viviendo así, comprenderé
todo lo que tuve y lo que perdí.

Cerraré noche tras noches
la puerta del bar y la de tu recuerdo,
cada medio día observaré a las oficinistas
tentándome de sus cuerpos delgados
en pantalones ceñidos y camisas blancas;

caminaré solo, abandonado,
sin necesidad ni entrega
por los caminos del fracaso,
consumiré drogas,
me pelearé con dios y el demonio,
huiré del país, te olvidaré en otros cuerpos,
en otros labios, en otros nombres,
en carreteras lejanas
a la estación de tus días.

Tal vez nada ocurra,
y simplemente sea que aún te extraño
y no sé cómo ocupar
todo este tiempo
que desocupé para estar contigo.

EL MISTERIO por DANIEL OLCAY JENERAL


>>
… que el Viejo-Ramírez oye voces… perteneció al ejército… habla solo…
que tiene El Símbolo tatuado en su espalda… mató y devoró a toda su
familia… El-Viejo se arrancó los ojos… no puede sentir el Sol… que hizo un
pacto con Gorgona
y ahora destripa niños…
…que fue el primero en usar Órganos MultiProtónicos / sin rechazarlos… el
Viejo-Ramírez es inmortal… que sale de noche, hambriento, a deambular
por las calles…

Todos estos rumores, para mí, son ciertos;
si no lo fueran, simplemente,
Él sería otro viejo, hecho mierda por
razones poco interesantes.

OCTAVIO PAZ por JOSE LEZAMA LIMA


En el chisporroteo del remolino
el guerrero japonés pregunta por su silencio,
le responden, en el descenso a los infiernos,
los huesos orinados con sangre
de la furiosa divinidad mexicana.
El mazapán con las franjas del presagio
se iguala con la placenta de la vaca sagrada.
El Pabellón de la vacuidad oprime una brisa alta
y la convierte en un caracol sangriento.
En Río el carnaval tira de la soga
y aparecemos en la sala recién iluminada.
En la Isla de San Luis la conversación,
serpiente que penetra en el costado como la lanza,
hace visibles los faroles de la ciudad tibetana
y llueve, como un árbol, en los oídos.
El murciélago trinitario,
extraño sosiego en la tau insular,
con su bigote lindo humeando.
Todo aquí y allí en acecho.
Es el ciervo que ve en las respuestas del río
a la sierpe, el deslizarse naturaleza
con escamas que convocan el ritmo inaugural.
Nombrar y hacer el nombre en la ceguera palpatoria.
La voz ordenando con la máscara a los reyes de Grecia,
la sangre que no se acostumbra a la tenaza nocturnal
y vuelve a la primigenia esfera en remolino.
El sacerdote, dormido en la terraza,
despierta en cada palabra que flecha
a la perdiz caída, en su espejo de metal.
El movimiento de la palabra
en el instante del desprendimiento que comienza
a desfilar en la cantidad resistente,
en la posible ciudad creada
para los moradores increados, pero ya respirantes.
Las danzas llegaron con sus disfraces
al centro del bosque, pero ya el fuego
había desarraigado el horizonte.
La ciudad dormida evapora su lenguaje,
el incendio rodaba como agua
por los peldaños de los brazos.
La nueva ordenanza indescifrable
levantó la cabeza del náufrago que hablaba.
Sólo el incendio espejeaba
el tamaño silencioso del naufragio.

NUESTRA CAUSA VA MAL por BERTOLD BRECHT


Nuestra causa va mal.
La oscuridad aumenta. Las fuerzas disminuyen.
Ahora, después de haber trabajado durante tanto tiempo
nos hallamos en una situación peor que al comienzo.

Sin embargo, el enemigo sigue ahí, más fuerte que nunca.
Sus fuerzas parecen acrecentadas y presenta un aspecto
invencible.
No se puede negar que hemos cometido errores.
Nuestro número se reduce. Nuestras palabras de orden
se encuentran en desorden. El enemigo
distorsiona muchas de nuestras palabras hasta hacerlas
irreconocibles.
Aquello que dijimos, ahora parece falso: ¿Mucho o poco,
con qué contamos ya? ¿Somos lo que ha quedado,
marginados de la corriente de la vida?
¿Marcharemos hacia atrás, sin nadie que nos comprenda
y sin comprender a los demás?
¿No hemos tenido suerte?

Tú preguntas estas cosas. No esperes ninguna respuesta
salvo la tuya.

EL SIMULACRO por JULIO CORTAZAR


Cada vez que te encuentro en el recuerdo
y canta en plena noche el gallo grana,
una sed de combate y de campana
me lanza al sacrificio en que te pierdo.

Quién sabe dónde estás, ya ni me acuerdo
si eran tus ojos de oro o de avellana,
pero mi sangre es esa luz que mana
y en la dulce manzana otra vez muerdo.

¡Oh balbuceo en la tiniebla, duelo
de musgo y de leopardo y de gemido,
desesperada imitación de cielo!

Luego es ceniza y sórdida alborada,
el derrotado sueño, el pozo herido
de una sola cabeza en una almohada.

MANIFIESTO NON SERVIAM por VICENTE HUIDOBRO F.


Y he aquí que una buena mañana, después de una noche de preciosos sueños y delicadas pesadillas, el poeta se levanta y grita a la madre Natura : Non serviam.

Con toda la fuerza de sus pulmones, un eco traductor y optimista repite en lejanías : "No te serviré".

La madre Natura iba ya a fulminar al joven poeta rebelde, cuando éste, quitándose el sombrero y haciendo un gracioso gesto, exclamó : "Eres una viejecita encantadora".

Ese non serviam quedó grabado en una mañana de la historia del mundo.  No era un grito caprichoso, no era un acto de rebeldía superficial.  Era el resultado de toda una evolución, la suma de múltiples experiencias.

El poeta, en plena conciencia de su pasado y de su futuro, lanzaba al mundo la declaración de su independencia frente a la naturaleza.

 
Ya no quiere servirla más en calidad de esclavo.

El poeta dice a sus hermanos: "Hasta ahora no hemos hecho otra cosa que imitar al mundo en sus aspectos, no hemos creado nada.  ¿Qué ha salido de nosotros, rodeando nuestros ojos, desafiando nuestros pies o nuestras manos?"

"Hemos cantado a la naturaleza (cosa que a ella bien poco le importa).  Nunca hemos creado realidades propias, como ella lo hace o lo hizo en tiempos pasados, cuando era joven y llena de impulsos creadores".

"Hemos aceptado, sin mayor reflexión, el hecho de que no puede haber otras realidades que las que nos rodean, y no hemos pensado que nosotros también podemos crear realidades en un mundo nuestro, en un mundo que espera su fauna y su flora propias.  Flora y fauna que sólo el poeta puede crear, por ese don especial que le dio la misma Madre Naturaleza a él y únicamente a él".

Non serviam.  No he de ser tu esclavo, madre Natura; seré tu amo.  Te servirás de mí; está bien.  No quiero y no puedo evitarlo; pero yo también me serviré de ti.  Yo tendré mis árboles que no serán como los tuyos, tendré mis montañas, tendré mis ríos y mis mares, tendré mi cielo y mis estrellas.

Y ya no podrás decirme: "Ese árbol está mal, no me gusta ese cielo...los míos son mejores".

Yo te responderé que mis cielos y mis árboles son los míos y no los tuyos y que no tienen por qué parecerse.  Ya no podrás aplastar a nadie con tus pretensiones exageradas de vieja chocha y regalona.  Ya nos escapamos de tu trampa.

Adiós, viejecita encantadora; adiós, madre y madrastra, no reniego ni te maldigo por los años de esclavitud a tu servicio.  Ellos fueron la más preciosa enseñanza.  Lo único que deseo es no olvidar nunca tus lecciones, pero ya tengo edad para andar solo por estos mundos.  Por los tuyos y por los míos.

Una nueva era comienza.  Al abrir sus puertas de jaspe, hinco una rodilla en tierra y te saludo muy respetuosamente.

martes, enero 06, 2015

POEMA CAMP por ROBERT GRIN


Si quiero escribir que Charles Manson 
después de contraer matrimonio con Elain Burton
pasará su luna de miel en Matamoros,
lo escribo;
de igual forma 
puedo apuntar que 
los empleados del 7-Eleven 
son agentes de la CIA;
o que un feto,
el hijo del diablo, 
 me crece en el cerebro,
y me obliga a redactar que 
el Tsunami
fue el gran squirt de la Madre Natura.
Puedo escribir también
que toda la saga de Harry Potter
sólo es el sueño de un gordo  en coma;
o  que los Power Rangers
eran todos unos cocainómanos,
qué rápido se movían. 
Si quiero escribir que 
este poema 
fue escrito
en una servilleta del Vips, 
y que no le dejé propina a la mesera, 
lo escribo.

INVIRTIENDO CENTAVOS: «FAHRENHEIT 451» por RAY BRADBURY


Yo no lo sabía, pero estaba escribiendo una novela literalmente barata. En la primavera de 1950, escribir y terminar el primer borrador de El bombero, que más tarde sería Fahrenheit 451, me costó nueve dólares y ochenta centavos, en monedas de diez.
Desde 1941 hasta entonces, la mayor parte de mis relatos los había escrito en los garajes de la casa, bien en Venice, California (donde vivíamos porque éramos pobres, no porque estuviera de moda), o detrás de la casa con terreno donde mi mujer Marguerite y yo criamos nuestra familia. Las que me llevaron al garaje fueron mis amorosas hijas, que insistían en acercarse a la ventana del fondo y cantar y golpetear el vidrio. Papá tenía que elegir entre terminar un cuento o jugar con las niñas. Como yo elegía jugar, por supuesto, los ingresos familiares quedaban en peligro. Había que encontrar un despacho. No nos alcanzaba el dinero.
Por fin localicé el lugar ideal, la sala de mecanografía del sótano de la biblioteca de la Universidad de California, en Los Ángeles. Allí, en ordenadas hileras, había una docena o más de viejas Remington o Underwood que se alquilaban a diez centavos la media hora. Uno insertaba la moneda, el reloj soltaba su tictac loco y uno se ponía a escribir como un salvaje para terminar antes de que se agotara el tiempo. De modo que fui empujado dos veces: por las niñas a abandonar la casa y por un reloj de máquina de escribir a volverme un maníaco de las teclas. Sin duda el tiempo era dinero. Terminé la primera versión en apenas nueve días.
Con 25.000 palabras, era la mitad de la novela en que llegaría a convertirse.
Entre la inversión de centavos y la demencia cuando se atascaba la máquina (¡porque allí se me iba mi precioso tiempo!) y el vértigo de folios en el artefacto, yo andaba por los pasillos, entre los estantes, perdido de amor, tocando libros, sacando volúmenes, volviendo páginas, devolviendo volúmenes a su sitio, ahogado en las buenas materias que son la esencia de la biblioteca. ¡Qué lugar, ¿no creen?, para escribir una novela sobre la quema de libros en el Futuro!
Hasta aquí el pasado. ¿Qué hay de Fahrenheit 451 en este día y esta época? ¿He cambiado de idea sobre mucho de lo que me decía cuando era un escritor más joven? Sólo si cambiar significa que mi amor por las bibliotecas se ha vuelto más amplio y profundo, en cuyo caso la respuesta es un sí que rebota en las pilas de libros y sacude el talco de las mejillas de la bibliotecaria. Desde que escribí ese libro, he tejido más cuentos, novelas, ensayos y poemas sobre escritores que cualquier otro escritor que se me ocurra en la historia de la literatura. He escrito poemas sobre Melville, Melville y Emily Dickinson, Emily Dickinson y Charles Dickens, Hawthorne, Poe, Edgar Rice Burroughs, y por el camino he comparado a Julio Verne y su Capitán Loco con Melville y su marino igualmente obsesionado. He garabateado poemas sobre bibliotecarios, atravesado en trenes nocturnos los páramos continentales con mis autores favoritos, toda la noche en vela parloteando y bebiendo, bebiendo y charlando.
A Melville le previne, en un poema, que se mantuviera lejos de tierra (¡nunca fue material suyo!), y transformé a Bernard Shaw en robot, y lo estibé cómodamente en un cohete y lo desperté en el largo viaje a Alfa Centauro para que su lengua, como una flauta, derramara sus Prefacios en mi deleitado oído. He escrito una historia de Máquina del Tiempo retrocediendo con ella en un zumbido para sentarme junto a los lechos de muerte de Wilde, Melville y Poe y contarles mi amor y entibiarles los huesos en las últimas horas... Pero basta ya. Como podéis ver, tratándose de libros, escritores y los grandes silos donde se almacenan los ingenios, soy la locura enloquecida.
Hace poco, con la sala del Studio Theatre de Los Ángeles a mano, saqué de las sombras a los personajes de F. 451. ¿Qué hay de nuevo, les dije a Montag, Clarisse, Faber, Beatty, desde que nos conocimos en 1953?
Yo pregunté. Ellos contestaron.
Escribieron escenas nuevas, revelaron partes raras de sus almas y sueños aún no descubiertos. El producto fue una obra en dos actos, bien escenificada, y en general bien recibida.
El que de más lejos vino entre bastidores fue Beatty, cuando oyó que le preguntaba: ¿Cómo empezó todo? ¿Por qué decidiste hacerte jefe de bomberos, quemador de libros? La sorprendente respuesta surgió en una escena en que Beatty lleva al protagonista Guy Montag a su casa, un apartamento. Al entrar, Montag descubre atónito que en las paredes hay alineados miles y miles de libros, ¡toda una biblioteca oculta! Se vuelve hacia el superior y exclama:
—¡Pero tú eres el incinerador jefe! ¡En tu casa no puede haber libros!
A lo cual el jefe, con una sonrisita seca, replica: —El delito no es tener libros, Montag, ¡es leerlos! Sí, de acuerdo. Yo tengo libros. ¡Pero no los leo!
Aturdido, Montag aguarda la explicación de Beatty.
—¿No ves la belleza, Montag? Yo no leo nunca. Ni un libro, ni un capítulo, ni una página, ni un párrafo. Pero sé jugar con la ironía, ¿no es cierto? Tener miles de libros y no abrirlos nunca, darle al montón la espalda y decir: No. Es como tener una casa llena de hermosas mujeres y sonreír y no tocar... ni una sola. De modo que ya ves, no soy ningún delincuente. Si alguna vez me pillas leyendo, sí, ¡entrégame! Pero este lugar es tan puro como el dormitorio de una muchacha virgen en una lechosa noche de verano. Estos libros mueren en los estantes. ¿Por qué? Porque lo digo yo. Ni mi mano ni mis ojos ni mi lengua les dan alimento o esperanza. No valen más que el polvo.
Montag protesta: —No entiendo cómo no te sientes...
—¿Tentado? —exclama el jefe de bomberos—. Oh, eso fue hace mucho. La manzana fue comida y ya no existe. La serpiente ha vuelto al árbol. El jardín es hierbajos y moho.
—En un tiempo... —Montag titubea y luego sigue:— En un tiempo tú debes haber querido mucho los libros.
—¡Touché! —responde el jefe—. Por debajo del cinturón. En la mandíbula. Con el corazón partido. Las tripas abiertas. Oh, Montag, mírame. El hombre que amaba los libros; no, el muchacho disparatado, demente por ellos, que se trepaba a las pilas como un enloquecido chimpancé.
»Me los comía como si fueran ensalada; los libros eran para mí el sandwich del almuerzo, la merienda, la cena y el bocado de medianoche. ¡Arrancaba las páginas, me las comía con sal, las ensopaba con deleite, mordisqueaba las costuras, pasaba capítulos con la lengua! Docenas, cientos, billones de libros. Llevé tantos a casa que anduve años jorobado. Filosofía, historia del arte, política, ciencias sociales; nombra el poema, el ensayo, la obra de teatro que quieras: me los comí todos. Y después... después... —la voz del jefe de bomberos se apaga.
Montag lo apremia: —¿Y después?
—Bueno, me sucedió la vida —El jefe cierra los ojos para recordar—. La vida. Lo de costumbre. Lo mismo. El amor que no marcha del todo, el sueño que se vuelve agrio, el sexo que se hace pedazos, las muertes demasiado rápidas de amigos que no lo merecen, el asesinato de uno, la locura de otro, la lenta muerte de una madre, el suicidio brusco de un padre... una estampida de elefantes enfurecidos, un ataque total de la enfermedad. Y por ninguna parte, ninguna, el libro justo en el momento justo para rellenar la grieta de la presa que se viene abajo y contener la inundación, o recibir una metáfora, perder o encontrar un símil. Hacia el final de los treinta años, al borde ya de los treinta y uno, recogí mis pedazos, cada hueso roto, cada centímetro de carne escoriada, magullada o herida. Me miré en el espejo y perdido bajo el asustado rostro de un joven vi un viejo, vi odio por todo, por cualquier cosa, nombra la que sea y la maldeciré, y abrí las páginas de los magníficos libros de mi biblioteca y ¿qué encontré? ¿Qué, qué?
Montag se aventura: —¿Páginas vacías?
—¡Premio! ¡Sí, en blanco! Bah, estaban las palabras, de acuerdo, pero me resbalaban por los ojos como aceite caliente, sin ningún significado. Sin ofrecer ayuda, ni consuelo, ni paz, ni abrigo, ni amor verdadero, ni cama ni luz.
Montag recuerda: —Hace treinta años... Las quemas finales de bibliotecas...
—Acertado —Beatty asiente—. Y como no tenía trabajo, y era un romántico fracasado, o lo que fuese, me presenté para la primera clase de bomberos. Primero en subir los escalones, primero en entrar en la biblioteca, primero en ese horno, el corazón ardiente de sus compatriotas siempre en llamas, ¡rocíenme con kerosene, pásenme la antorcha!
»Fin de la conferencia. Por esa puerta, Montag. ¡Largo!
Montag se va, con más curiosidad que nunca por los libros, ya en camino de ser un proscrito, cerca ya de que lo persiga y casi destruya el Sabueso Mecánico, mi clon robótico de la gran bestia de los Baskerville creada por Conan Doyle.
En mi obra, el jefe de bomberos ultima al viejo Faber, ese profesor no del todo residente que le habla a Montag a través de la larga noche (por el radio-caracol). ¿Cómo? Beatty sospecha que mediante ese artefacto están adoctrinando a Montag, se lo arranca del oído y le grita al remoto maestro:
—¡Ya vamos por ti! ¡Estamos a la puerta! ¡Subimos la escalera! ¡Te tenemos!
Lo que aterroriza tanto a Faber que el corazón lo destruye.
Buen material, todo esto. Últimamente me ha tentado.
Ha sido una lucha no meterlo en la novela.
Por último, me han escrito muchos lectores protestando por la desaparición de Clarisse, preguntándose qué le pasó.
La misma curiosidad tenía François Truffaut, y en su versión cinematográfica rescató a Clarisse del olvido y la unió al Pueblo de los Libros, que vagan por el bosque recitando sus memorizadas letanías. Yo también tenía necesidad de salvarla, pues al fin y al cabo esa muchacha, aunque bordeara un parloteo embobado, era responsable en muchos sentidos de que Montag empezara a preguntarse por los libros y lo que había en ellos. Por eso en la obra Clarisse se adelanta a darle la bienvenida, poniendo un final algo más feliz a un asunto en esencia más bien lúgubre.
La novela, sin embargo, conserva su primera identidad. No soy partidario de alterar el material de un escritor joven, sobre todo cuando ese escritor joven fui yo. Montag, Beatty, Faber, Clarisse, todos se muestran, se mueven, entran y salen igual que cuando los escribí hace treinta y dos años, a diez centavos la media hora, en el sótano de la biblioteca de la UCLA. No he cambiado un solo pensamiento, ni una palabra.
Un descubrimiento final. Escribo todas mis novelas y cuentos, como han visto, en un chorro de pasión deliciosa.
Sólo hace poco, echando una mirada a la novela, me di cuenta de que Montag tiene el nombre de una fábrica de papel. ¡Y Faber, claro, es el fabricante de lápices! Qué taimado mi inconsciente, llamarlos así.
¡Y no habérmelo dicho!

1982

"ESTAMOS HECHOS DE LA MISMA SUSTANCIA QUE LOS SUEÑOS"* por EDUARDO J. FARIAS ALDERETE


En Silencio
Como si rezara
y tú
etérea
en la
imagen
borrosa inquieta
desenfocada
en el infinito
pero matemática
y terrenal
hecha tierra
luz y sangre.

En silencio
tu voz
en la memoria:
Voltereta
una flecha
que hiere
un solo corazón

La corona
de un centenar
de naipes,
el arco sombrío
que comienza
al cerrar los ojos
y tus ojos
completan
todo el cuadro
en la pantalla.

Y te haces
cuerdas tensas
de  guitarra
el juramento
que no se cumple
la esfera
que amenaza
consumir el horizonte
los metales
heridos de la historia
que es tu propia historia

Como en éxodo
de ti misma
en un exilio
permanente
extasiado
en cristales
buscándote a ti misma
ansiosa y desgarrada


El enigma  inalcanzable
pero al alcance
de los dedos
de la frente
de los cabellos
de la fe hecha girones
hinojos
enojos
elementos
de una creación
hecha en tu nombre
y tu nombre
hecho conjuro
para maldiciones
quimera
angustiosa
tu ausencia
se hace eterna
amplia
enrarecida
eres de la materia
con que se diluyen
los sueños
ámbar la impronta
con que se sella
la soledad
de no tenerte
y calzar en
la urgencia
de retenerte
sin probabilidades
la posibilidad
de entregarse
a los ángulos
de las páginas
de un libro
que no se leerá…

Un mañana que jamás
llega

El verso
que se fuga
y te busca
a ciegas
a tientas
sobre lechos
sobre pueblos
fantasmas
y caminos
olvidados
sin encontrarnos

Atado en el cuerpo
y su reposo
mientras
eres relámpago
de noche ajena
murmuras
y
no me descubres
Somos del
material
con que se
perpetúan
los sueños
y dormimos
condenados
a jamás hallarnos
vivos
en el fondo
herido
donde
sólo nos envuelve
inquieto
el silencio.





* William Shakespeare

RETORNOS DEL AMOR EN LA NOCHE TRISTE por RAFAEL ALBERTI


Ven, amor mío, ven, en esta noche
sola y triste de Italia. Son tus hombros
fuertes y bellos los que necesito.
Son tus preciosos brazos, la largura
maciza de tus muslos y ese arranque
de pierna, esa compacta
línea que te rodea y te suspende,
dichoso mar, abierta playa mía.
¿Cómo decirte, amor, en esta noche
solitaria de Génova, escuchando
el corazón azul del oleaje,
que eres tú la que vienes por la espuma?
Bésame, amor, en esta noche triste.
Te diré las palabras que mis labios,
de tanto amor, mi amor, no se atrevieron.
Amor mío, amor mío, es tu cabeza
de oro tendido junto a mí, su ardiente
bosque largo de otoño quien me escucha.
Óyeme, que te llamo. Vida mía,
sí, vida mía, vida mía sola.

UNO ES EL HOMBRE por JAIME SABINES


Uno es el hombre.
Uno no sabe nada de esas cosas
que los poetas, los ciegos, las rameras,
llaman "misterio", temen y lamentan.
Uno nació desnudo, sucio,
en la humedad directa,
y no bebió metáforas de leche,
y no vivió sino en la tierra
(la tierra que es la tierra y es el cielo
como la rosa rosa pero piedra).

Uno apenas es una cosa cierta
que se deja vivir, morir apenas,
y olvida cada instante, de tal modo
que cada instante, nuevo, lo sorprenda.

Uno es algo que vive
algo que busca pero encuentra,
algo como hombre o como Dios o yerba
que en el duro saber lo de este mundo
halla el milagro en actitud primera.

Fácil el tiempo ya, fácil la muerte,
fácil y rigurosa y verdadera
toda intención que nos habita
y toda soledad que nos perpetra.
Aquí está todo, aquí. Y el corazón aprende
-alegría y dolor- toda presencia;
el corazón constante, equilibrado y bueno,
se vacía y se llena.

Uno es el hombre que anda por la tierra
y descubre la luz y dice: es buena,
la realiza en los ojos y la entrega
a la rama del árbol, al río, a la ciudad
al sueño, a la esperanza y a la espera.

Uno es el destino que penetra
la piel de Dios a veces,
y se confunde en todo y se dispersa.

Uno es el agua de la sed que tiene,
el silencio que calla nuestra lengua,
el pan, la sal, y la amorosa urgencia
de aire movido en cada célula.

Uno es el hombre -lo han llamado hombre-
que lo ve todo abierto, y calla, y entra.



CONSOLA O EL EXTRAÑO CASO DE LOS PADRES AUSENTES por MAURO GATICA SALAMANCA


"en el año dos mil atropellar y huir
ya no será un crimen…
¡será el deporte nacional!..."
death race 2000.

ocurrió en seúl/choi mi-sun/kim yoo-chul/la pareja se conoció a través de internet/eran adictos a los juegos on line….eran adictos a las consolas desde custer's revenge…les gustaba evadir flechas…les gustaba cruzar de un lado a otro la pantalla para violar a una indígena atada a un poste…..amaban la muerte desde death race y los gritos desgarrados de los gremlins arrollados…era fácil imaginar algo violento en los tres píxeles que componían cada imagen…/eran adictos a vendetta/eran adictos al crimen/a la sangre en bit/eran adictos a i’ kill you mother fucker…… eran adictos al sound truck que llenaba el vacío de los días y sus horas sin sentido/eran adictos a las luces al brillo en la cara/prende y apaga/prende y apaga te dicen/la dejaban habitualmente sola en casa/a la guagua te digo/se escabullían en la red a gigas de distancia/su rostro pixelado en la memoria/una vez al día/una vez al día el biberón y la caca...el hedor/el vuelo de las moscas///tras una noche larga larga/el ordenador/la red/la hija muerta sobre la cama - inmóvil - con la boca abierta /como el bebé de sick boy en trainspotting/sin sangre/sin heridas… no hay manchas en el piso/está limpio el teclado/no hay rastros en el mouse/ no hay evidencia/ la autopsia reveló la causa de la muerte/los padres se dieron a la fuga

ES HORA DE IRSE por DANILO PEDAMONTE


No era muy tarde,
en el bar quedábamos pocos
figuraban en las ampolletas viejos colores de iluminación.
El mesón lloraba y botaba de sus mejillas pequeñas astillas
húmedas
Se veían entonces rayones de vasos, llaves, nombres y amores
Había cosas en que pensar.
Se bajó la cortina y se repite la vieja costumbre
cancelamos la cuenta, un tipo nos dijo adiós, otro cayó en la
calle sin entender nada,
llamaron un taxi, mas nosotros seguimos a pie, le tomé la
mano,
me dijo al oído -vivo cerca- respondí entonces que yo no
tenía hogar.
Tomó mi cuerpo, sacudió el rocío del alcohol,
Introdujo sus manos delgadas en mi pecho
leyó en mi boca viejos poemas que llevaba en la chaqueta
lamió mi corazón, me dijo -si dolía- respondí que no…
Entonces: ahora yo seré tu hogar, descansa…
me abrazó fuerte y apagó la luz de esa pequeña lámpara que
alumbraba nuestra intensa
[intimidad.]

COMO ME DESHICE DE QUINIENTOS LIBROS por AUGUSTO MONTERROSO



Hace varios años leí un ensayo de no recuerdo qué autor inglés en el que éste
contaba las dificultades que se le presentaron para deshacerse de un paquete de
libros que por ningún motivo quería conservar en su biblioteca. Ahora bien, en el
curso de mi existencia he podido observar que entre los intelectuales es corriente
oír la queja de que los libros terminan de sacarlos de sus casas. Algunos hasta
justifican el tamaño de sus mansiones señoriales con la excusa de que los libros
ya no los dejaban dar un paso en sus antiguos departamentos. Yo no he estado, y
probablemente no lo estaré jamás, en este último extremo; pero nunca hubiera
podido imaginar que algún día me encontraría en el del ensayista inglés, y que
tendría que luchar por desprenderme de quinientos volúmenes.
Trataré de contar mi experiencia. De pasada diré que es probable que esta historia
irrite a muchos. No importa. La verdad es que en determinado momento de su vida
o uno conoce demasiada gente (escritores), o a uno lo conoce demasiada gente
(escritores), o uno se da cuenta de que le ha tocado vivir en una época en que se
editan demasiados libros. Llega el momento en que tus amigos escritores te
regalan tantos libros (aparte de los que generosamente te pasan para leer aún
inéditos) que necesitarías dedicar dedicar todos los días del año para enterarte de
sus interpretaciones del mundo y de la vida. Como si esto fuera poco, el hecho es
que desde veinte años mi afición por la lectura se vino contaminando con el hábito
de comprar libros, hábito que en muchos casos termina por confundirse
tristemente con la primera. Por ese tiempo di en la torpeza de visitar las librerías
de viejo. En la primera página de Moby Dick Ismael observa que cuando Catón se
hastió de vivir se suicidó arrojándose sobre su espada, y que cuando a él le
sucedía hastiarse, sencillamente tomaba un barco. Yo, en cambio, durante años
tomé el camino de las librerías de viejo. Cuando uno empieza a sentir la atracción
de estos establecimientos llenos de polvo y penuria espiritual, el placer que
proporcionan los libros ha empezado a degenerar en la manía de comprarlos, y
ésta a su vez en la vanidad de adquirir algunos raros para asombrar a los amigos
o a los simples conocidos.
¿Cómo tiene lugar este proceso? Un día está uno tranquilo leyendo en su casa
cuando llega un amigo y le dice: ¡Cuántos libros tienes! Eso le suena a uno como
si el amigo le dijera: ¡Qué inteligente eres!, y el mal está hecho. Lo demás ya se
sabe. Se pone uno a contar los libros por cientos, luego por miles, y a sentirse
cada vez más inteligente. Como a medida que pasan los años (a menos que se
sea un verdadero infeliz idealista) uno cuenta con más posibilidades económicas,
uno ha recorrido más librerías y, naturalmente, uno se ha convertido en escritor,
uno posee tal cantidad de libros que ya no sólo eres inteligente: en el fondo eres
un genio. Así es la vanidad ésta de poseer muchos libros.
En tal situación, el otro día me armé de valor y edidí quedarme únicamente con
aquellos libros que de veras me interesaran, hubiera leído, o fuera realmente a
leer. Mientras consume su cuota de vida, ¿cuántas verdades elude el ser
humano? Entre éstas, ¿no es la de su cobardía una de las más constantes? ¿A
cuántos sofismas audes diariamente para ocultarte que eres un cobarde? Yo soy
un cobarde. De los varios miles de libros que poseo por inercia, apenas me atreví
a eliminar unos quinientos, y eso con dolor, no por lo que representaran
espiritualmente para mí, sino por el coeficiente de menor prestigio que los diez
metros menos de estanterías llenas irían a significar.
Día y noche mis ojos recorrieron una y otra vez (como decían los clásicos) las
vastas hileras, discriminando hasta el cansancio (como decimos los modernos).
¡Qué increíble cantidad de poesía, qué cantidad de novelas, cuántas soluciones
sociológicas para los males del mundo! Se supone que la poesía se escribe para
enriquecer el espíritu; que las novelas han sido concebidas, cuando menos, para
la distracción ; y aún, con optimismo, que las soluciones sociológicas se
encaminan a solucionar algo. Viéndolo con calma, me di cuenta de que ne su
mayor parte la primera, o sea la poesía, era capaz de empobrecer el espíritu más
rico, las segundas de aburrir al más alegre y las terceras de embrollar al más
lúcido. Y no obstante, qué consideraciones hice para descartar cualquier volúmen,
por insignificante que pareciera. Si un cura y un barbero me hubieran ayudado sin
yo saberlo, ¿habrían dejado en mis estantes más de cien? Cuando en 1955 visité
a Pablo Neruda en su casa de Santiago me sorprendió ver que escasamente
poseía treinta o cuarenta libros, entre novelas policiales y traducciones de sus
propias obras a diversos idiomas. Acababa de donar a la Universidad una cantidad
enorme de verdaderos tesoros bibliográficos. El poeta se dio ese gusto en vida;
único estado, viéndolo bien, en el que uno se lo puede dar.
No haré aquí el censo de los libros que estaba dispuesto a desprenderme; pero
entre ellos había de todo, más o menos así: política (en el mal sentido de la
palabra, toda vez que no tiene otro), unos 50; sociología y economía, alrededor de
49; geografía general e historia general, 3; geografía e historias patrias, 48;
literatura mundial, 14; literatura hispanoamericana, 86; estudios norteamericanos
sobre literatura latinoamericana, 37; astronomía, 1; teorías del ritmo (para que la
señora no se embarace), 6; métodos para descubrir manantiales, 1; biografías de
cantantes de ópera, 1; géneros indefinidos (tipo Yo escogí la libertad , 14; erotismo,
½ (conservé las ilustraciones del único que tenía); métodos para adelgazar, 1;
métodos para dejar de beber, 19; psicología y psicoanálisis, 27; gramáticas, 5;
métodos para hablar inglés en diez días, 1; métodos para hablar francés en diez
días, 1; métodos para hablar italiano en diez días, 1; estudios sobre cine, 8;
etcétera.
Pero esto constituía nada más el principio. Pronto descubrí que eran pocas las
personas que querían aceptar la mayor parte de los libros que yo había comprado
cuidadosamente a través de los años perdiendo tiempo y dinero. Si bien esto me
reconcilió algo con el género humano al descubrir que el mero afán de acumular
no era una aberración tan generalizada, me causó las molestias consiguientes, por
cuanto una vez decidido a ello, deshacerme de esos libros se convirtió en una
necesidad espiritual apremiante. Un incendio como el de la Biblioteca de
Alejandría, al que están dedicados estos recuerdos, es el camino más llano, pero
resulta ridículo y hasta mal visto quemar quinientos libros en el patio de la casa
(suponiendo que la casa lo tuviera). Y se acepta que la Inquisición quemara gente,
pero la mayoría se indigna de que quemara libros. Ciertas personas aficionadas a
estas cosas me sugirieron donar todos esos volúmenes a tales o cuales
bibliotecas públicas; pero una solución tan fácil le restaba espíritu aventurero al
asunto y la idea me aburría un poco, además de que estaba convencido de que en
las bibliotecas públicas serían tan inútiles como en mi casa o en cualquier otro
sitio. Tirarlos uno por uno a la basura no era digno de mí, de los libros, ni del
basurero. La única solución eran mis amigos. Pero mis amigos políticos o
sociologos poseían ya los libros correspondientes a sus especialidades, o eran
enemigos de ellos en gran cantidad de casos; los poetas no querían contaminarse
con nada de contemporáneos suyos a quienes conocieran personalmente; y el
libro sobre erotismo era una carga para cualquiera, aún despojado de sus
ilustraciones francesas.
Sin embargo, no quiero hacer de estos recuerdos una historia de falsas aventuras
supuestamente divertidas. Lo cierto es que de alguna manera he ido encontrando
espíritus afines al mío que han aceptado llevarse a sus casas esos fetiches, a
ocupar un lugar que restará espacio y oxígeno a los niños, pero que darán a los
padres la sensación de ser más sabios e incluso la más falaz e inútil de ser los
depositarios de un saber que en todo caso no es sino un repetido testimonio de la
ignorancia o la ingenuidad humanas.
Mi optimismo me llevó a suponer que al terminar estas líneas, comenzadas hace
quince días, en alguna forma justificaría cabalmente su título; si el número de
quinientos que aparece en él es sustituido por el de veinte (que empieza a
acortarse debido a una que otra devolución por correo), ese título estaría más
apegado a la verdad.

EL CREACIONISMO por VICENTE HUIDOBRO F.


El creacionismo no es una escuela que yo haya querido imponer a alguien; el creacionismo
es una teoría estética general que empecé a elaborar hacia 1912, y cuyos tanteos y primeros
pasos los hallaréis en mis libros y artículos escritos mucho antes de mi primer viaje a París.
En el número 5 de la revista chilena Musa Joven, yo decía:
El reinado de la literatura terminó. El siglo veinte verá nacer el reinado de la poesía en el
verdadero sentido de la palabra, es decir, en el de creación, como la llamaron los griegos,
aunque jamás lograron realizar su definición.
Más tarde, hacia 1913 o 1914, yo repetía casi igual cosa en una pequeña entrevista
aparecida en la revista Ideales, entrevista que encabezaba mis poemas. También en mi libro
Pasando y pasando, aparecido en diciembre de 1913, digo, en la página 270, que lo único
que debe interesar a los poetas es el "acto de la creación", y oponía a cada instante este acto
de creación a los comentarios y a la poesía alrededor de. La cosa creada contra la cosa
cantada.
En mi poema Adán, que escribí durante las vacaciones de 1914 y que fue publicado en
1916, encontraréis estas frases de Emerson en el Prefacio, donde se habla de la constitución
del poema:
Un pensamiento tan vivo que, como el espíritu de una planta o de un animal, tiene una
arquitectura propia, adorna la naturaleza con una cosa nueva.
Pero fue en el Ateneo de Buenos Aires, en una conferencia que di en junio de 1916,
donde expuso plenamente la teoría. Fue allí donde se me bautizó como creacionista por
haber dicho en mi conferencia que la primera condición del poeta es crear; la segunda,
crear, y la tercera, crear.
Recuerdo que el profesor argentino José Ingenieros, que era uno de los asistentes, me dijo
durante la comida a que me invitó con algunos amigos después de la conferencia: "Su
sueño de una poesía inventada en cada una de sus partes por los poetas me parece
irrealizable, aunque usted lo haya expuesto en forma muy clara e incluso muy científica."
Casi la misma opinión la tienen otros filósofos en Alemania y dondequiera yo haya
explicado las mismas teorías. "Es hermoso, pero irrealizable."
¿Y por qué habrá de ser irrealizable?
Respondo ahora con las mismas frases con que acabé mi conferencia dada ante el grupo
de Estudios Filosóficos y Científicos del doctor Allendy, en París, en enero de 1922:
Si el hombre ha sometido para sí a los tres reinos de la naturaleza, el reino mineral, el
vegetal y el animal, ¿por qué razón no podrá agregar a los reinos del universo su propio
reino, el reino de sus creaciones?
El hombre ya ha inventado toda una fauna nueva que anda, vuela, nada, y llena la tierra, el
espacio y los mares con sus galopes desenfrenados, con sus gritos y sus gemidos.
Lo realizado en la mecánica también se ha hecho en la poesía. Os diré qué entiendo por
poema creado. Es un poema en el que cada parte constitutiva, y todo el conjunto, muestra
un hecho nuevo, independiente del mundo externo, desligado de cualquiera otra realidad
que no sea la propia, pues toma su puesto en el mundo como un fenómeno singular, aparte
y distinto de los demás fenómenos.
Dicho poema es algo que no puede existir sino en la cabeza del poeta. Y no es hermoso
porque recuerde algo, no es hermoso porque nos recuerde cosas vistas, a su vez hermosas,
ni porque des criba hermosas cosas que podamos llegar a ver. Es hermoso en si y no admite
términos de comparación. Y tampoco puede concebírselo fuera del libro.
Nada se le parece en el mundo externo; hace real lo que no existe, es decir, se hace
realidad a sí mismo. Crea lo maravilloso y le da vida propia. Crea situaciones
extraordinarias que jamás podrán existir en el mundo objetivo, por lo que habrán de existir
en el poema para que existan en alguna parte.
Cuando escribo: "El pájaro anida en el arco iris", os presento un hecho nuevo, algo que
jamás habéis visto, que jamás veréis, y que sin embargo os gustaría mucho ver.
Un poeta debe decir aquellas cosas que nunca se dirían sin él.
Los poemas creados adquieren proporciones cosmogónicas; os dan a cada instante el
verdadero sublime, este sublime del que los textos nos presentan ejemplos tan poco
convincentes. Y no se trata del sublime excitante y grandioso, sino de un sublime sin
pretensión, sin terror, que no desea agobiar ni aplastar al lector: un sublime de bolsillo.
El poema creacionista se compone de imágenes creadas, de situaciones creadas, de
conceptos creados; no escatima ningún elemento de la poesía tradicional, salvo que en él
dichos elementos son íntegramente inventados, sin preocuparse, en absoluto de la realidad
ni de la veracidad anteriores al acto de realización.
Así, cuando escribo:
El océano se deshace
Agitado por el viento de los pescadores que
[silban
presento una descripción creada; cuando digo: "Los lingotes de la tempestad", os presento
una imagen pura creada, y cuando os digo: "Ella era tan hermosa que no podía hablar," o
bien: "La noche está de sombrero," os presento un concepto creado.
En Tristan Tzara encuentro poemas admirables que están muy cerca de la más estricta
concepción creacionista. Aunque en él la creación es generalmente más formal que
fundamental. Pero el hombre que ha escrito los siguientes versos es, sin la sombra de una
duda, un poeta:
En porcelaine la chanson pensée, je suis fatigué - la chanson des reines l´arbre crève de la
nourriture comme une lampe.
Je pleure vouloir se lever plus haut que le jet d'eau serpente au ciel car il n' existe plus la
gravité terrestre à l'école et dans le cerveau.
Quand le poisson rame
le discours du lac
quand il joue gamme
la promenade des dames, etc.1
A veces, Francis Piccabia nos abre en sus poemas ventanas sobre lo insospechado,
probándonos que no sólo es pintor:
Enchaîné sur l'avenir de I'horloge
des récreations
dans un empire missel;
Le jour épuisé d' un court instant
parcimonieux
échappe à la sagacité du lecteur
d'esprít.
Les jeunes femmes compagnes du fleuve
logique viennent comme une tache sur I'eau
pour gagner un monstre enfumé
d'amis aimables
dans l'ordre du suicide enragé.
Emporter une histaire pour deux
à force de joie dans la chevelure
des syllabes.2
(1)En porcelana la canción pensada, estoy fatigado - la canción de las reinas el
[árbol revienta de alimento como una lámpara.
Lloro querer alzarse más alto que el juego de agua serpiente en el cielo, pues ya no
[existe la gravedad terrestre en la escuela y en el cerebro.
Cuando el pez rema
el discurso del lago
cuando toca el diapasón
el paseo de las damas, etcétera.
(2) Encadenado sobre el porvenir del reloj
diversiones
en un imperio misal;
El día agotado por un corto instante
parsimonioso
escapa a la sagacidad del lector
fino
Las jóvenes mujeres compañeras del río lógico
llegan como una mancha sobre el agua
para ganar un monstruo ahumado
de amigos amables
en la orden del suicida enrabiado.
Llevar una historia para dos
a fuerza de alegría en la cabellera
de las sílabas.
También Georges Ribémont Dessaignes tiene versos que nos sacan de lo habitual:
Regarder par la prunelle de sa maîtresse
afin de voir à I'intérieur.1
Y Paul Eluard nos hace a menudo temblar como un surtidor que nos golpeara la espina
dorsal:
Il y a des femmes dont les yeux sont comme des morceaux de sucre
il y a des femmes graves comme les mouvements de l'amour qu' on
[ne surprend pas,
d'autres, comme le ciel a la veille du vent.
Le soir trâinait des hirondelles. Les hibous
partageaient le soleil et pesaient sur la terre. 2
Los dos poetas creacionistas españoles, Juan Larrea y Gerardo Diego, han dado
sendas pruebas de su talento. Cuando Gerardo Diego escribe:
Al silbar tu cabeza se desinfla
o bien:
La lluvia tiembla como un cordero
o esto otro:
Una paloma despega del cielo
nos da una sensación poética muy pura. Igual cosa sucede con Juan Larrea cuando dice:
Un pájaro cambia el tiempo
o bien:
Lechos de ladrillos entre los sonidos
y aún esto otro:
Tu recuerdo se aleja según la dirección del viento.
(1) Mirar por la pupila de su amante
Para ver qué hay dentro.
(2) Hay mujeres cuyos ojos son como pedazos de
[ azúcar
hay mujeres serias como los movimientos del amor
[ que uno sorprende,
otras como el cielo en vísperas de viento.
La tarde arrastraba golondrinas. Los búhos
Dividían el sol y pasaban sobre la tierra.
...Ambos poetas han probado a los españoles escépticos hasta qué grado de emoción puede
llegar lo inhabitual, demostrando todo lo que de serio contiene la teoría creacionista. Nunca
han hecho burlarse (como aquellos pobres ultraístas) a las personas de espíritu realmente
superior.
...Si para los poetas creacionistas lo que importa es presentar un hecho nuevo, la poesía
creacionista se hace traducible y universal, pues los hechos nuevos permanecen idénticos
en todas las lenguas.
...Es difícil y hasta imposible traducir una poesía en la que domina la importancia de otros
elementos. No podéis traducir la música de las palabras, los ritmos de los versos que varían
de una lengua a otra; pero cuando la importancia del poema reside ante todo en el objeto
creado, aquél no pierde en la traducción nada de su valor esencial. De este modo, si digo en
francés:
La nuit vient des yeux d'autrui
o si digo en español:
La noche viene de los ojos ajenos
o en inglés:
Night comes from others eyes
el efecto es siempre el mismo y los detalles lingüísticos secundarios. La poesía creacionista
adquiere proporciones internacionales, pasa a ser la Poesía, y se hace accesible a todos los
pueblos y razas, como la pintura, la música o la escultura,
Hay en el hombre una dualidad que se manifiesta en todos sus actos, dos corrientes
paralelas en las que se engendran todos los fenómenos de la vida. Todo ser humano es un
hermafrodita frustrado. Tenemos un principio o una fuerza de expansión, que es femenina,
y una fuerza de concentración, que es masculina.
En ciertos hombres domina una en detrimento de la otra. En muy pocos aparecen ambas
en perfecto equilibrio.
En el fondo, es en esto donde hallaremos soluciones para el eterno problema de
románticos y clásicos.
Todo sigue en el hombre a esta ley de dualidad. Y si llevamos en nosotros una fuerza
centrífuga, también tenemos una fuerza centrípeta.
Poseemos vías centrípetas, vías que nos traen como antenas los hechos que ocurren a sus
alrededores (audición, visión, sensibilidad general), y poseemos vías centrífugas, que
semejan aparatos de emisiones y nos sirven paya emitir nuestras ondas, para proyectar el
mundo subjetivo en el mundo objetivo (escritura, palabra, movimiento).
El poeta, como todos los hombres, tiene dos personalidades, que no son, hablando con
propiedad, dos personalidades, sino por el contrario la personalidad en singular, la única
verdadera.
La personalidad total se compone de tres cuartos de personalidad innata y de un cuarto de
personalidad adquirida.
La personalidad innata es la que Bergson llama yo fundamental; la otra es el yo
superficial. También Condillac distinguía entre un yo pensante y un yo autómata.
En el creacionismo proclamamos la personalidad total.
Nada de parcelas de poetas.
El infinito entero en el poeta, el poeta íntegro en el instante de proyectarse.
La obra de arte tiene como cuna estos dos elementos, que también constituyen una
dualidad paralela: la sensibilidad, que es el elemento afectivo, y la imaginación, que es el
elemento intelectual.
En el dictado automático, la sensibilidad ocupa mayor espacio que la imaginación, pues el
elemento afectivo se halla mucho menos vigilado que el otro.
En la poesía creada, la imaginación arrasa con la simple sensibilidad.
Nada me afirmó más en mis teorías que la crítica violenta, que los comentarios burlescos
de mis poemas, sobre todo los hechos a mi libro La gruta del silencio, publicado en 1913.
Todos los críticos sufrían una crisis nerviosa precisamente ante los versos que me gustaban,
y sin saber tal vez por qué.
Nadie adivinará nunca cuánto me hizo pensar este hecho sin importancia. Sin
proponérselo, los críticos me ayudaron mucho en mi trabajo al recortar con tijeras precisas
versos o imágenes como las siguientes:
...En mi cerebro hay alguien que viene de lejos,
o bien:
Las horas que caen silenciosas como gotas de agua por un vidrio.
La alcoba se durmió en el espejo.
El estanque estañado.
Una tarde me aproximé hacia la orilla del libro.
¿Sabéis qué poetas citaba yo en la primera página de ese libro? Rimbaud y Mallarmé. ¿Y
sabéis qué citaba de Rimbaud?
Y a veces he visto lo que el hombre ha creído ver.
Después que apareció mi libro La gruta del silencio di también gran importancia al
subconsciente y hasta a cierta especie de sonambulismo. Entregué a la revista Ideales un
poema que se titulaba Vaguedad subconsciente y anuncié ese mismo año un libro escrito
íntegramente en aquel estilo, titulado Los espejos sonámbulos.
Pero éste fue un paréntesis de pocos meses. Pronto sentí que perdía tierra y caía,
seguramente por reacción, por una reacción violenta, casi miedosa, en ese horrible
panteísmo mezcla de hindú y de noruego, en esa poesía de buey rumiante y de abuela
satisfecha. Felizmente esta caída duró poco y al cabo de algunas semanas retorné mi
antiguo camino con mucho más entusiasmo y conocimiento que antes.
Luego vino el periodo de las confidencias a los amigos y de las sonrisas equívocas de los
unos y compasivas de los otros. Las burlas irracionales, la atmósfera irrespirable que iban a
obligarme a dejar mis montañas nativas y a buscar climas más favorables para los
cateadores de minas.
A fines de 1916 caía en París, en el ambiente de la revista (Sic). Yo apenas conocía la
lengua, pero pronto me di cuenta de que se trataba de un ambiente muy futurista y no hay
que olvidar que dos años antes, en mi libro Pasando y pasando, yo había atacado al
futurismo como algo demasiado viejo, en el preciso instante en que todos voceaban el
advenimiento de algo completamente nuevo.
Yo buscaba por todas partes esta poesía creada, sin relación con el mundo externo, y,
cuando a veces creí hallarla, pronto me daba cuenta de que era sólo mi falta de
conocimiento de la lengua lo que me hacía verla allí donde faltaba en absoluto o sólo se
hallaba en pequeños fragmentos, como en mis libros más viejos de 1913 y 1915.
¿Habéis notado la fuerza especial, el ambiente casi creador que rodea a las poesías
escritas en una lengua que comenzáis a balbucear?
Encontráis maravillosos poemas que un año después os harán sonreír.
En el medio de Apollinaire se hallaban, aparte de él, que era un poeta indiscutible, varios
investigadores serios; desgraciadamente gran parte de ellos carecía del fuego sagrado, pues
nada es más falso que creer que las dotes se hallan tiradas por las calles. Las verdaderas
dotes de poeta son de lo más escaso que existe. Y no le doy aquí al vocablo poeta el sentido
íntimo que tiene para mí, sino su sentido habitual, pues para mí nunca ha habido un solo
poeta en toda la historia de nuestro planeta.
Hoy afirmo rotundamente, tal como lo hice diez años atrás en el Ateneo de Buenos Aires:
"Nunca se ha compuesto un solo poema en el mundo, sólo se han hecho algunos vagos
ensayos de componer un poema. La poesía está por nacer en nuestro globo. Y su
nacimiento será un suceso que revolucionará a los hombres como el más formidable
terremoto" A veces me pregunto si no pasará desapercibido.
Dejemos, pues, bien establecido que cada vez que yo hablo de poeta sólo empleo esta
palabra para darme a entender, como estirando un elástico para poder aplicarla a quienes se
hallan más cerca de la importancia que a ella le asigno.
En la época de la revista Nord-Sud, de la que fui uno de los fundadores, todos teníamos
más o menos la misma orientación en nuestras búsquedas, pero en el fondo estábamos
bastante lejos unos de otros.
Mientras otros hacían buhardas ovaladas, yo hacía horizontes cuadrados. He aquí la
diferencia expresada en dos palabras. Como todas las buhardas son ovaladas, la poesía
sigue siendo realista. Como los horizontes no son cuadrados, el autor muestra algo creado
por él.
Cuando apareció Horizon carré, he aquí cómo expliqué dicho título en una carta al crítico
y amigo Thomas Chazal:
Horizonte cuadrado. Un hecho nuevo inventado por mí, creado por mí, que no podría
existir sin mí. Deseo, mi querido amigo, englobar en este título toda mi estética, la que
usted conoce desde hace algún tiempo.
Este título explica la base de mi teoría poética. Ha condensado en sí la esencia de mis
principios.
1º Humanizar las cosas. Todo lo que pasa a través del organismo del poeta debe coger la
mayor cantidad de su calor. Aquí algo vasto, enorme, como el horizonte, se humaniza, se
hace íntimo, filial gracias al adjetivo CUADRADO. El infinito anida en nuestro corazón.
2º Lo vago se precisa. Al cerrar las ventanas de nuestra alma, lo que podía escapar y
gasificarse, deshilacharse, queda encerrado y se solidifica.
3º Lo abstracto se hace concreto y lo concreto abstracto. Es decir, el equilibrio perfecto,
pues si lo abstracto tendiera más hacia lo abstracto, se desharía en sus manos o se filtraría
por entre sus dedos. Y si usted concretiza aún más lo concreto, éste le servirá para beber
vino o amoblar su casa, pero jamás para amoblar su alma.
4º Lo que es demasiado poético para ser creado se transforma en algo creado al cambiar
su valor usual, ya que si el horizonte era poético en sí, si el horizonte era poesía en la vida,
al calificársele de cuadrado acaba siendo poesía en el arte. De poesía muerta pasa a ser
poesía viva.
Las pocas palabras que explican mi concepto de la poesía, en la primera página del libro
de que hablamos, os dirán qué quería hacer en aquellos poemas. Decía:
Crear un poema sacando de la vida sus motivos y transformándolos para darles una vida
nueva e independiente.
Nada de anecdótico ni de descriptivo. La emoción debe nacer de la sola virtud creadora.
Hacer un poema como la naturaleza hace un árbol.
En el fondo, era exactamente mi concepción de antes de mi llegada a París: la de aquel acto
de creación pura que hallaréis, como una verdadera obsesión, en cualquier parte de mi obra
a partir de 1912. Y aún sigue siendo mi concepción de la poesía. El poema creado en todas
sus partes, como un objeto nuevo.
Debo repetir aquí el axioma que presenté en mi conferencia del Ateneo de Madrid, en
1921, y últimamente en París, en mi conferencia de la Sorbona, axioma que resume mis
principios estéticos: "El Arte es una cosa y la Naturaleza otra. Yo amo mucho el Arte y
mucho la Naturaleza. Y si aceptáis las representaciones que un hombre hace de la
Naturaleza, ello prueba que no amáis ni la Naturaleza ni el Arte."
En dos palabras y para terminar: los creacionistas han sido los primeros poetas que han
aportado al arte el poema inventado en todas sus partes por el autor.
He aquí, en estas páginas acerca del creacionismo, mi testamento poético. Lo lego a los
poetas del mañana, a los que serán los primeros de esta nueva especie animal, el poeta, de
esta nueva especie que habrá de nacer pronto, según creo. Hay signos en el cielo.
Los casi-poetas de hoy son muy interesantes, pero su interés no me interesa.
El viento vuelve mi flauta hacia el porvenir.
Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...